Les dimanches après-midi, ou l’Oratoire au Louvre

Le protestantisme, les images et la parole

En introduction, voici une vidéo où Laurent Gagnebin et Laurence Tardy dialoguent :

 

film par Soo Hyun Pernot
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Les dimanches après-midi, ou l’Oratoire au Louvre , de simples rencontres promenades conviviales se sont transformées, l'an passé, en sorties culturelles. Elles ont lieu principalement au Louvre.

Il s'agissait de découvrir les styles, les époques, mais aussi les artistes. En choisissant des scènes de la Bible et des sujets religieux, leur principe a été de rapprocher un texte biblique d'une œuvre d’art pour en déceler les interprétations potentielles. Progressivement, des tendances propres au protestantisme furent repérées, aussi bien dans le choix des sujets que dans les représentations esthétiques de la réalité ou dans le dévoilement pressenti du mystère du divin.

Le professeur Laurent Gagnebin s’est prêté à un entretien avec Laurence Tardy, enseignante à l’Ecole du Louvre, fournissant de précieuses pistes pour la compréhension de la relation image (art pictural) et réception du message Biblique. Le pasteur a différencié le catholicisme comme religion du regard de l'espace alors que le protestantisme se méfie de l'image au risque de l’idolâtrie, et privilégie la parole, donc le temps. Dans un exposé clair, érudit, brillant, il invite à dépasser l'esthétique pour percer la transcendance dans l'émotion suscitée par la beauté de l'art, des arts. Laurent Gagnebin nous interroge sur ce que l'on nomme arts sacrés, et sur la fonction de l'art.

Nous pouvons et voulons retourner au Louvre, encore et encore, les yeux attentifs, les oreilles aux aguets... troublés par l’émerveillement pressenti.

Michèle Pourteau

Rembrandt 1606-1669

Jusqu’à Rembrandt, deux types de représentations sont en place :

1) celle du monde conçu comme « image mécanique » ou dans la perspective (cf. Brunelleschi, Piero, Uccello, Vinci, etc.), formulation susceptible de servir à la domination humaine ;

2) celle de la représentation matérielle des choses visibles par la technique de la peinture à l’huile par/avec l’observation de la matière, ou mimésis (capture de l’apparence) par les petits maîtres hollandais. Car la teinte et le ton des couleurs sont au bout du pinceau et vont demeurer telles, au séchage.

Or ce sont essentiellement trois propriétés qui fondent l’œuvre de ce génie qui s’est attaché à la révélation de l’Evénement de l’être, tel un métaphysicien. Une peinture comme forte de cette question philosophique : « il y aurait pu n’y avoir rien et il y a quelque chose, quelqu’un, et non rien, miracle de l’être » . Heidegger (note 1)

D’où ce travail texturé de la lumière dans un espace, un climat, un temps long, et toujours comme inouï… Rembrandt paraît être en peinture la philosophie d’un espace intérieur, dehors /dedans qui ne fige pas les choses de l’obscur et des ombres. Car les clair-dorés de cette représentation, c’est un événement formidable de l’existence, de la Clarté et du surgissement de la réalité = mystère qui nous donne à regarder, à penser, signes et fusions formidables : « Gloire soit à l’Esprit de lumière… Dans les cieux et sur la terre ! » En cette peinture, il y va de quelque chose de l’essence et de l’âme par la forme artistique, la composition ou le vaste climat pictural ; plus que d’éclairage, c’est l’émergence de l’âme des profondeurs du dedans en lumière et dans un tout : « Garde nous dans ta Clarté ô Ressuscité » !

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Bruegel : Babel