Je choisis la langue chrétienne pour réaffirmer aujourd’hui que je crois en Dieu. Je choisis donc ce mot de Dieu pour me faire comprendre de tous mais j’ai souvent eu ces dernières années des difficultés avec ce mot, cette désignation, ce concept, ce que je pensais qu’on se devait de désigner par là, et donc à affirmer que je croyais en Dieu.

Mais au contact d’une religion et d’un vécu de la foi différents comme celle de ma meilleure amie qui est musulmane, et surtout au travers d’échanges de ressentis et de réflexions philosophiques avec mon mari qui est athée, j’ai appris à me libérer de la notion de Dieu que je pensais avoir apprise et intégrée. Je me suis défait de ce mot et de ce que je pensais qu’il signifiait pour mieux me le réapproprier, pour en faire ma propre définition afin qu’elle soit en accord avec mon vécu et mon ressenti spirituel.

  • Je peux donc dire aujourd’hui que je crois en Dieu parce que je crois en une dynamique, un mouvement, une force qui nous pousse à aller au-delà des limites de notre individu et à nous dépasser, qui nous invite à aller vers l’autre, à partager, à donner de soi, voire à s’abandonner à lui. Je crois en cette force transcendante qui nous anime, en cette flamme intérieure capable de nous mettre en mouvement, en cette dynamique présente en chacun de nous qui est toujours là même quand on ne croit plus en elle.
  • Je crois au fait que cette force que nous détenons en nous est une infime partie d’un puzzle qui compose une force commune et universelle qui fait que chaque être humain, au-delà des différences, peut se retrouver dans l’autre et accomplir avec lui des élans d’humanité et d’amour de la taille d’une goutte d’eau à celle d’un océan. Et c’est en cela que je crois en l’Esprit Saint.
  • Je crois en l’incarnation de cette dynamique et de cette force qui a pris la forme d’un homme au travers de Jésus pour nous montrer comment, à l’échelle de notre quotidien humain, ce mouvement d’amour pouvait s’exprimer et surtout se ressentir, se vivre, s'accomplir concrètement dans chacune de nos journées et chacun de nos gestes. Je crois aussi que Jésus fait partie, de manière ultime, de ces modèles philosophiques et spirituels qui contribuent selon nos affinités à nous inspirer dans notre quotidien pour incarner nous-même à notre échelle cette force de vie.

Héloïse,
à l'occasion de sa profession de foi,
le 4 mai 2014

Héloïse a ajouté en introduction ces quelques mots sur son parcours :

Mon premier contact avec la foi et l’idée de Dieu s’est fait à la fois au travers de celles de ma grand-mère très présente et qui a partagé avec moi son cheminement et ses principes spirituels, mais aussi par ma scolarité dans une école catholique.

En parallèle de cela, j’ai toujours senti une liberté de choix et de foi que m’ont transmis mes parents.

Mon école a donc entretenu ma foi mais m’a aussi appris par sa pédagogie, son ouverture et la diversité culturelle des élèves accueillies à concevoir la foi de manière large et personnelle.

Malgré tout je ne me reconnaissais pas tout à fait dans le cadre de cette foi catholique et cela de moins en moins au fur et à mesure du temps. Je pouvais de plus en plus difficilement l’affirmer et l’assumer telle qu’elle était.

Afin d’être en accord avec moi-même, j’ai peu à peu remis cette foi en question afin de redéfinir ce en quoi je croyais.

Mais j’avais l’impression que cette foi ne trouvait plus sa place nulle part jusqu’au moment où mon père m’a parlé de l’Eglise Protestante Réformée, m’a appris à la connaître et m’a fait découvrir l’Oratoire du Louvre.
J’ai senti alors que ma foi pouvait y avoir sa place et qu’elle pouvait s’épanouir enfin en harmonie avec mon expérience, mon ressenti et mon vécu spirituel quotidien.

Deux textes de conclusion :

Il s'agit de textes qui expriment une conviction : la nécessité absolue, de l'ouverture à ce qui est extérieur mais pourtant indispensable à notre foi, le "compagnonnage exigeant", selon l'expression de Laurent Gagnebin, avec les autres religions et avec l'athéisme. Ouvrir grand les fenêtres de notre foi la renouvelle et l'empêche de tourner en rond.

C'est aussi une manière de rappeler l'influence de ma meilleure amie musulmane et de mon mari athée.

Poème Soufi (d’un auteur inconnu)

D'abord un poème issu du soufisme, forme poétique et mystique de l'islam, sur les réponses toujours surprenantes de Dieu à nos demandes.

J’ai demandé la force
Et Dieu m’a donné des épreuves pour me rendre fort
J’ai demandé la sagesse
Et Dieu m’a donné des problème à résoudre
J’ai demandé la prospérité
Et Dieu m’a donné un cerveau et des muscles pour travailler
J’ai demandé du courage
Et Dieu m’a donné des gens à vaincre
J’ai demandé l’amour
Et Dieu m’a donné des gens à aider
J’ai demandé des faveurs
Et Dieu m’a donné des occasions
Je n’ai rien reçu de ce que je désirais...
J’ai reçu tout ce dont j’avais besoin.

 

Extrait de « L’esprit de l’athéisme » d’André Comte-Sponville

Un texte du philosophe André Comte-Sponville, grand spiritualiste athée, sur ce qui est pour lui l'essentiel du message de l’Evangile.

Ce que j'ai retenu de la lecture des Évangiles c'est moins ce que Jésus dit sur Dieu ou sur une éventuelle vie après la mort que ce qu'il dit sur l'homme et sur cette vie-ci.
J'en retiens que ce qui fait la valeur d'une vie humaine, ce n'est pas le fait que la personne en question croie ou pas en Dieu ou en une vie après la mort.
S'agissant de ces deux questions, la seule vérité,
c'est que nous n'en savons rien.
Croyants et incroyants,
nous ne somme ici séparés que par ce que nous ignorons.
Cela n'annule pas nos désaccords, mais en relativise la portée.
Il serait fou d'attacher davantage d'importance à ce que nous ignorons, qui nous sépare, qu'à ce que nous savons très bien, d'expérience et de cœur, et qui nous rapproche.
Ce qui fait la valeur d'une vie humaine, ce n'est pas la foi, ce n'est pas l'espérance, c'est la quantité d'amour, de compassion et de justice dont on est capable !

 

Ce texte fait partie d'une collection de textes confiés au pasteiur Marc Pernot par des personnes qui ont demandé
à recevoir un baptême d'adulte ou à faire une profession de foi.
Ce sont de libres confessions de foi personnelles, reflet de la diversité qui nous est chère.

baptême d'adulte dans l'Oratoire
Profession d'Héloïse et Jean-Pierre
dans l'Oratoire