Extraits du bulletin "Veiller !" de Janvier 2016 n° 339

 

Il nous a aimés avec tendresse,
avec sagesse, avec force.
J’ai dit avec tendresse, parce qu’il a revêtu notre chair ;
avec sagesse, parce qu’il s’est gardé de la faute ;
avec force, parce qu’il a enduré la mort.
En effet, ceux qu’il a visités dans la chair,
il ne les a pas aimés de manière charnelle,
mais dans la prudence de l’esprit.
Ainsi, ceux qu’il est venu chercher dans la chair,
il les a aimés dans l’esprit et rachetés dans la force.
Quelle plénitude de douceur et de tendresse
que de voir homme le Créateur de l’homme !
Chrétien, apprends du Christ comment aimer le Christ.
Apprends à l’aimer avec tendresse, avec sagesse, avec force.

St Bernard,
Sermon n° 20 sur le Cantique

Echo de notre fraternité

L'année s'achève, et je constate avec joie, que dans sa grâce, le Seigneur a poussé plusieurs sœurs et frères à frapper à notre porte pour entrer en noviciat. Nous les accueillons dans la prière de reconnaissance.

Voici les prénoms de ces novices et leurs lieux de vie : Gilles d'Albi, Zoltan de Rouen, Alain de Lussy-sur-Morges (CH), Pierre-Laurent de Ste Geneviève-des-Bois, Pierre du Louroux Béconnais, Magali de St Raphaël, Alain de Deuil-la-Barre, Maarten de Villeurbanne, Marie-Christine de Toulon, Jacques de Derval, Violette de Châtelaine (CH), Christian de Besançon, Céline de Mercurey, Marc de Nîmes, Francette de Toulon, Viviane de Monts-de-Corsier (CH), Michel de Nantes, Françoise de Fontaine, Elisabeth de Montcuq, Olivier de Montpellier, Julien de Paris, Joseph et Joséphine de Bastia.

A ceux-là s'ajoutent les noms de ceux qui prolongent leur noviciat pour une année : Anne de Palavas, Claude de Migennes, Richard d'Anduze, Elisabeth de Tournai, Régis de Guilherand Granges, Isabelle de Tournay.

Puis, plusieurs novices arrivent en fin de noviciat, nous les recevons comme Veilleurs observants : Michèle de Cuxac-Cabardès, Claude de Vevey (CH), Hélène de Montpellier, Pierre de Guilherand Granges, Lucien de Toulouse, Eric de Roussillon, Monique de Roubaix, Daniel d'Orbe (CH), Anne-Béatrice de Sundhoffen, Gérard et Françoise de Muel, Christel de Kelh (Allemagne) Patrick de Genève, Jean-François de Wangen, Nadine d'Anduze, Marc de St Mandrier sur Mer.

Et tristement sans nouvelle de : Bruno de Versonnex, Danielle d’Enghien, Maxime d’Annecy, Nadia de Bruxelles, Susy de Roanne, Danielle de Lorient, Marguerite de Lyon.

Que notre Fraternité nous replace chacun devant notre engagement de « Veilleur ». Qu’elle nous encourage à intercéder les uns pour les autres. Que le Seigneur nous bénisse et fortifie en nous, la foi, l’espérance et l’amour. Qu’il nous donne de vivre, sur nos chemins, la joie, la simplicité, la miséricorde.

Claude Caux, votre prieure

Persévérance et vigilance

En novembre comme chaque année les membres du conseil des responsables des régions se sont réunis pour parler de notre Fraternité. J’ai apporté à cette occasion la méditation qui suit, et tous ont désiré qu’elle paraisse dans le bulletin. Mais trop longue pour paraître, je vous en présente une version abrégée.

Le discours de Jésus en Luc 21.5-36 - qu’il serait bien de relire avant de poursuivre - nous parle de bruits de guerre, de catastrophes, de phénomènes terribles, de signes dans le ciel, et encore de la destruction de Jérusalem et de l’avènement du Fils de l’Homme. Ce discours s’est déployé à partir de la remarque de disciples qui admiraient les belles pierres du temple de Jérusalem. Jésus leur répond qu’il n’en resterait pas pierre sur pierre !

D’où une question : Quand cela arrivera-t-il ? Jésus ne répond pas au « quand » de l’événement. Nul ne sait le moment ni l’heure ! Il instruit ses auditeurs en leur parlant de signes annonciateurs. Jésus n’est pas là pour enseigner une science de l’avenir mais pour encourager à la foi : « Cela vous donnera l’occasion de rendre témoignage, » dit-il, v.13. Et c’est par l’attachement à Dieu, que nous serons revêtus de sagesse v.14, 15. Je ne rentrerai pas dans le détail de ce long discours, mais j’en retiens pour nous, ce qui parle à notre engagement de veilleurs et que vous pouvez relire dans les versets 8, 19, et 34 à 36.

Le discours de Jésus est là pour nous montrer le chaos et le redoutable désordre du monde, afin de ne pas tomber dans ses pièges ; il nous dit de nous maintenir en éveil, car l’avènement du Fils de l’Homme est proche ; et il n’est pas pour notre condamnation, mais pour la chute des séducteurs et persécuteurs en tout genre. Les paroles de Jésus sont pour nous prémunir contre les dangers qui nous guettent. Elles sont là pour nous encourager à résister aux différentes épreuves, à ne pas en être écrasés et à résister aussi aux tentations, afin de paraître debout devant le Fils de l’Homme.

Comment rester debout dans la tempête du temps ? Voici une réponse du texte en deux mots : Persévérance et vigilance !

Un père, Hésychius de Batos (voir la Philocalie) nous dit : « la vigilance est une attention persévérante de notre esprit qui monte la garde à la porte du cœur, qui trie les pensées, les bonnes des mauvaises, et qui rejette tout ce qui peut séduire et entraîner vers les ténèbres plutôt que vers la lumière ».

Je pense que la vigilance révèle aussi à l’homme son état de chute, sa dépendance aux mauvais penchants ; mais aussi elle éveille à l’humilité du cœur. « Veiller » est-il dit. Certes nous sommes « veilleurs » mais ce n’est pas un état, c’est un combat. Combat d’abord contre nous-mêmes et par conséquence, combat au cœur de la société. La vigilance s’acquiert progressivement. Cela demande un effort sur nous-mêmes afin de ne pas devenir la proie des séducteurs, pour ne pas être ballotés à tous les vents du siècle. Veiller est un acte permanent de résistance car l’adversaire rôde comme un lion rugissant cherchant qui dévorer selon 1 Pi 5.8-9.

Le verset 34 explique à sa façon de quoi se garder soi-même : Des soucis de la vie, des excès, et des débordements, de l’appesantissement, du laisser-aller, de la lourdeur, car cela nous voile la révélation de Dieu, notre communion avec Lui. Veiller et Prier, dit Jésus. Le contenu de la veille, de la vigilance, c’est la prière. Non pas seulement celle de nos trois offices quotidiens mais une prière intérieure en tout temps est-il souligné (v. 36). Cette prière continuelle nous permet de rester debout pour résister aux choses qui nous agressent, aux adversités et aux épreuves et de pouvoir échapper, dit le texte, à tout ce qui doit arriver. Echapper ne veut pas dire qu’on sera préservé des calamités qui nous atteignent nous et nos contemporains ; mais que nous ne serons en rien prisonniers du filet qui s’abattra sur nous à l’improviste. Par notre persévérance, notre garde, notre veille, notre prière nous en réchapperons ; nous traverserons l’épreuve. Nous serons encouragés à poursuivre notre route les regards fixés sur le Christ. Nous pourrons alors avoir un solide témoignage, une parole d’évangile que le Seigneur rendra efficace ; et si nous devons « naître au ciel », moment que nous ne maîtrisons pas, ce sera dans la confiance, et debout pour rencontrer le Fils de l’Homme, car notre vie est sauvée, sauvegardée, dès aujourd’hui ; c’est-à-dire qu’elle peut se déployer dans une relation harmonieuse en communion avec Dieu. On peut dire en ce sens, que la vigilance est une école de purification du cœur.

De plus nous ne sommes pas des veilleurs solitaires mais entourés de frères et sœurs, nous gardons l’espérance. Ce passage d’évangile est bien utile pour savoir où l’on en est de notre vie spirituelle. Loin de nous effrayer, il nous replace devant le Royaume, ses exigences, et la finalité de toute existence.

Que le Seigneur nous donne de considérer avec sagesse les évènements derniers.

Qu’il nous garde attentifs aux signes du monde qui vient, pour que nous sachions le servir fidèlement dans ce monde qui passe.

Votre prieure qui veille et prie avec vous

Trois paroles de veilleurs

La persévérance :

Une forme de résistance, une lutte… mais avec l’aide de Dieu ! Dans ce domaine aussi, il nous précède et nous accompagne sur le chemin de vie, plein d’obstacles. Le Père est le premier « persévérant » dans son plan de salut pour l’humanité, dans ses promesses accomplies en Jésus-Christ, constant dans son amour inconditionnel pour chacun. Le Fils, dans la poursuite de sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle, sa constance dans la prière au Père, sa lutte à Gethsémani, nous invite à garder les yeux rivés sur lui quelque soient les circonstances de notre vie. Veiller, prier, approfondir la lecture de sa Parole… aimer ! Voilà de bonnes résolutions à l’aube de cette nouvelle année ! Comment parler de persévérance sans évoquer nos amis juifs ? Nos frères chrétiens persécutés actuellement pour leur foi ? Nous sommes avec eux par la prière. Actes 20,24 : « Pourvu que j’accomplisse ma course avec joie dans le ministère que j’ai reçu d’annoncer la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu. » 2 Timothée 4,7 : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi ».Que le Seigneur nous vienne en aide pour cette année 2016… et les suivantes !

Rose Marie C.

Aujourd’hui, veiller et persévérer

Veiller … Quel au-delà pour la parole prononcée par Jésus en Mt 25 1-13 dans la parabole des jeunes filles d’honneur attendant le marié ? Dans l’attente, ces dernières s’endorment et sont réveillées brutalement. Est-ce là une veille attentive ? Non, bien sûr, car veiller c’est rester vigilants, attentifs à tout signe annonciateur et porteur de sens et disponibles totalement pour accueillir l’inattendu de Dieu…

Dans cette veille, persévérer est la qualité qui permet, dans une dépense soutenue d’énergie, de mettre en œuvre une capacité sans défaillance d’interprétation de l’inaccoutumé qui survient. Ce qui est demandé aux dix jeunes filles de la parabole, c’est de se situer dans une attente de l’événement qui surviendra avec certitude mais dans l’incertitude quant à la durée de la veille. En ce sens, les cinq jeunes filles avisées sont celles se placent dans cette prévoyance qui leur permet d’entrer dans la salle du mariage, les autres en étant exclues. Derrière la parabole, l’attente du royaume de Dieu nécessite aujourd’hui une veille liée à la persévérance, forme mieux précisée en Luc 24, 45-51.

Veiller aujourd’hui, c’est s’ouvrir à l’inattendu, dans son caractère pleinement déconcertant, voire inquiétant pour notre avenir d’hommes. La venue du royaume de Dieu s’inscrit désormais dans un bouleversement de nos représentations du monde où nous vivons et de son avenir. A une terre inépuisablement nourricière nous opposons désormais la perception de ses limites et de sa fragilité face à l’appétit d’une partie de l’humanité de plus en plus prédatrice pour répondre à sa boulimie de consommation et de puissance. Le signe qui nous bouleverse collectivement est dans le constat d’une évidence, celui du réchauffement brusque de la planète auquel nous assistons impuissants. Il nous interroge sur la part de nos activités dans ce phénomène et celles de leurs effets directs dans la perturbation du système naturel de la Terre. Ces derniers, situés à l’échelle de l’œcoumène, engagent un renforcement des inégalités dans la répartition des richesses et du développement. Les plus pauvres s’enfonceront dans une misère de plus en plus intense (désertification accrue, ravages des inondations, aggravation des phénomènes érosifs liés à l’élévation du niveau des océans, etc.) alors que la généralisation du rythme de consommation des nations les plus riches, le gaspillage effréné des ressources accentuera encore la détérioration de notre patrimoine environnemental. Or, les ressources terrestres sont limitées. Nous savons aujourd’hui que si toute l’humanité avait le niveau de vie des 0,1% de ceux qui dominent le monde, il faudrait les ressources de 10 fois la Terre. De ce constat scientifique comment fonder une persévérance nouvelle de la veille ?

Veiller est aujourd’hui dans une vigilance prophétique et soutenue de la dénonciation des faux dieux qui nous mènent au naufrage collectif. Au soir de sa vie, Théodore Monod nous alertait déjà : « Et si l’aventure humaine devait échouer »… Notre attente ne s’inscrit plus seulement dans un « à venir » plus ou moins fantasmé auquel s’accrochent des certitudes, mais dans le présent de l’urgence, de la rupture et de l’invention d’une forme de vie plus frugale et mesurée. Le présent concerne notre vigilance première dans une nouvelle persévérance de la mobilisation personnelle et collective, ainsi que d’une conscience nourrie à la source d’eau pure de la foi. Une nouvelle espérance construit sa veille, celle que définissait Pierre Teilhard de Chardin dans sa correspondance avec Théodore Monod, une évolution de l’Homme à partir d’une énergie intérieure en développant une renaissance, une morale et une mystique orientée vers « une nouvelle face de Dieu ».

Face à un monde qui se transforme radicalement, notre voie d’éternité construite par notre foi est celle de la prière et de l’action.

Prier pour entrer dans le projet atemporel de Dieu pour un monde juste, beau et vivable pour tous ; prier dans une gratitude pour le monde reçu, hérité ; prier dans un esprit de reconnaissance pour les dons multiples que nous recevons de Lui, sans s’enfermer dans une culpabilité stérilisante.

Agir dans l’aujourd’hui de Dieu, agir avec d’autres acteurs, religieux ou non, dans la société civile. Agir avec les objectifs d’un accord universel de justice, d’un engagement tant collectif que personnel de frugalité et d’une conscience de l’importance de l’enjeu planétaire au service des générations futures.

Robert S.

Parabole de mon jardin...

J’ai accroché dans mon jardin deux mangeoires pour oiseaux.

Comme je désirais que seuls les passereaux puissent venir s’y ravitailler, je les ai accrochées sur une petite branche bien souple, ainsi j’étais certaine que les merles et les tourterelles ne pourraient pas jouer les perturbateurs.

L’une des mangeoires est placée juste en face de la fenêtre de ma cuisine ce qui me permet d’observer tout à mon aise le manège des mésanges, rouges queues, verdiers, rouges gorges et autres petits oiseaux.

J’ai acheté des graines avec lesquelles j’ai rempli les mangeoires .Puis j’ai attendu. Il a fallu du temps pour que les oiseaux osent se servir, tisser des liens de confiance demande du temps.

De ma fenêtre j’observe leurs déplacements.

Les passereaux s’approchent de la mangeoire en volant de branche en branche, sautent sur la mangeoire en prenant appui sur le petit perchoir placé devant l’ouverture, attrapent une graine dans leur bec et s’envolent... le tout en quelques secondes.

Il y a des graines qu’ils préfèrent et d’autres qu’ils dédaignent.

Quand l’oiseau tombe sur une graine non désirée, il la jette par dessus bord jusqu’à ce qu’il trouve celle qu’il préfère. Ces graines ne sont pas perdues pour autant, car les tourterelles et les merles viennent les picorer.

Les graines de tournesol, appelée aussi PIPAS ne sont pas délaissées malgré leur coque dure. J’ai observé une mésange à tête noire emportant l’une d’elles dans son bec. La mésange se perche sur une branche voisine, maintient fermement la graine entre les serres de ses pattes et la branche, et de son bec donne des petits coups avec persévérance, jusqu’à ce que la coque s’ouvre, laissant apparaître la graine comestible dont elle se régale.

J’ai observé que les mésanges sont friandes de pipas, ce sont les graines qu’elles préfèrent. Mais comment font elles pour savoir qu’une pipas contient une graine délicieuse ? Peut être que les mésanges discutent entre elles :

-Dis ? Tu connais ces graines ?

-Non, ... mais j’ai entendu dire par une «charbonnière» qu’il y avait quelque chose d’excellent à l’intérieur.

-Tu sais comment on les ouvre ?

-Non, elles sont trop hermétiques pour moi... ça me demande trop d’énergie... moi je préfère les graines qui sont moins résistantes !

Tout en discutant notre mésange bleue pique avec curiosité la pépite de tournesol jusqu’au moment où la coque finit par céder... révélant le trésor ... gobé en un instant.

En observant ces choses je me suis dit que la Bible ressemblait à cette mangeoire à passereaux... elle est remplie de graines d’espérance à la disposition de tous ceux qui ont faim.

Faim d’amour, de paix, de joie...

Il est rare qu’on pénètre facilement le texte biblique, il faut de la persévérance pour le découvrir avant d’en devenir un fin gourmet. Mais dès qu’on a découvert la saveur de ces graines d’espérance, on y retourne pour en déguster d’autres.

Certains jours il arrive que les graines ne nous conviennent pas, elles nous paraissent trop dures ou trop fades ou trop ordinaires, alors on les laisse tomber.

Quand on réussit à attraper une pépite, c’est qu’on a pris le temps d’en casser la coquille avec persévérance, et volonté. Et quand enfin on la déguste, on est agréablement surpris par sa saveur. Elle laisse alors dans notre cœur une trace irrésistible qui donne envie d’y revenir...

Roselyne K.

Bougie

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