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Les organistes des églises réformées
de Saint-Louis et de l'Oratoire du Louvre
à Paris 1791-1980

par Claude-Rémy Muess, pasteur

Les organistes

Selon Félix Raugel (« Les grandes orgues des églises de Paris et de la Seine », 1927, p. 157), vu le silence des archives de l'Oratoire en ce qui concerne les orgues et les organistes sous l'ancien régime, il faut admettre que « le service ordinaire de l'instrument liturgique fur toujours assuré par l'un des Pères de l'Oratoire », jusqu'à la Révolution de 1789.

Le premier organiste appointé, à Saint-Louis du Louvre, par le Consistoire réformé, se nommait Méreaux (selon Félix Raugel Jean-Nicolas Lefroid de Méreaux; toutefois, aucun des documents le mentionnant qui sont conservés à la Bibliothèque de la Société de l'Histoire du Protestantisme français ne l'appelle autrement que Méreaux, l'orthographe de ce patronyme variant d'ailleurs à l'infini... Il est vrai que l'on se trouve, dans les premières années tout au moins, en pleine période révolutionnaire, et qu'il est prudent d'abandonner les noms à particule). Dès le mois d'octobre 1791, un traitement annuel de 300 livres lui fut proposé il en réclama 400, que le Consistoire lui accorda pour l'année 1792, et en outre 300 livres pour les huit mois de service qu'il avait assurés depuis l'ouverture de l'église au culte réformé (mai 1791).

Il est possible que notre homme soit ce Méreaux que les papiers Molard citent comme organiste de « la maison des ci-devant Petits Augustins » et de « l'église des Petits-Pères, place Victoire », au moment où opère, en l'an III, la commission présidée par le citoyen Molard (cf. Pierre Hardouin « Les orgues de Paris en l'an III », in « Renaissance de l'orgue », n° 7, p. 19-22 et n° 8, p. 21-28). En 1795, l'orgue des Petits-Pères est encore en place, tandis que celui des Petits-Augustins a été démonté l'année précédente par Jean-Antoine Somer. Si Méreaux partage son activité entre plusieurs églises, l'on comprend qu'en juillet 1792, le Consistoire s'émeuve des « fréquents remplacements que se permet M. Méreaux, organiste » on se satisfera, du reste, des explications fournies par ce dernier.

En l'an XI, d'après le e Tableau des employés du temple de la rue Saint-Thomas du Louvre et de leur traitement annuel », « le citoyen Méreaux, organiste, reçoit par an 500 francs, par trimestre 125 francs ». En 1811, Méreaux suivit son orgue à l'église de l'Oratoire. En 1816, son traitement annuel s'élevait toujours à 500 francs. En 1823, il demanda une augmentation d'honoraires, en raison du nouveau service célébré dans le temple le jeudi ; le Consistoire lui accorda untI gratification de 150 francs.

Peu de temps après la réception de l'orgue Callinet, Méreaux, par une lettre datée du 31 juillet 1828, priait le Consistoire « d'accorder à M. Méreaux son neveu la survivance de la place d'organiste du temple de la rue Saint-Honoré ». Il lui fut répondu que sa demande n'était pas agréée, le Consistoire devant « toujours être libre de choisir ses employés ». En octobre 1829, l'organiste sans doute vieillissant et en mauvaise santé demanda « qu'il soit construit dans la tribune de l'orgue un petit cabinet où il puisse se reposer » quand il n'était « pas occupé ». En 1836, il dut suspendre son activité un certain temps, e pour cause d'indisposition » ; pendant sa maladie, l'orgue fut touché par Mlle Korn, qui reçut, à titre d'indemnité, ]a somme de 80 francs. Méreaux mourut deux ans plus tard, le 6 février 1838 ; il était resté pendant quarante-sept ans au service du Consistoire réformé.

Trois candidats se présentèrent pour occuper son poste son fils Amédée Méreaux, auteur de la collection « Les clavecinistes de 1637 à 1790 a (Recueil de pièces et de commentaires publié en 1867), Barré et André. Quelques. jours après, un quatrième candidat se fit connaître en la personne de « M. Chollet, organiste de Saint-Thomas d'Aquin a. Un concours ayant été organisé, la commission responsable du choix d'un nouvel organiste donna la préférence à Barré, qui fut nommé par le Consistoire, à l'unanimité, organiste titulaire ; comme celui de son prédécesseur, son traitement annuel était fixé à 700 francs. L'un des membres du Consistoire ayant proposé d'accorder à la veuve de l'ancien organiste une pension de 200 francs, l'assemblée jugea que « les services de M. Méreaux, quoique fort recommandables, ne l'attachaient pas à l'Eglise d'une manière assez exclusive pour motiver une pareille faveur ». Dans son ouvrage déjà cité, Félix Raugel fait, par erreur, d'Amédée Méreaux le successeur de son père à la tribune de l'église de l'Oratoire (note au bas de la page 159).

Le 22 avril 1843, après cinq années de service, Barré envoyait sa démission au Consistoire. Six candidats aspiraient à sa succession : Baumbach, Bienaimé, Hassenhut, Dariol, Lelyon et Meumann. C'est à ce dernier qui fut donnée la préférence ; sa nomination en tant qu'organiste titulaire intervint le 2 juin 1843. Dès ce moment, il fut proposé « pour ajouter à la solennité du culte, que le service divin commence par un morceau d'introduction sur l'orgue, semblable à celui qui se joue lorsque le pasteur monte en chaire. Cela marquerait d'une manière convenable le commencement de ce service, qui débute funs aucune gravité par la lecture que fait le chantre, et il serait à souhaiter que cette ouverture eût lieu régulièrement à une heure fixe ». Entre la démission de Barré et la nomination d'Ernest Meumann, l'intérim avait été assuré par Eugène Baumbach.

Chaque été, un congé d'environ deux mois était accordé à Meumann, dont la santé s'avérait déficiente. En 1851, il se rendit à Londres, et de là dans sa famille, en Allemagne ; il fut remplacé pendant son congé par Wackenthaler. En 1846, le 3 avril, alors que la maison Cavaillé-Coll mettait la dernière main à l'orgue qu'elle était chargée d'ériger dans la nouvelle église réformée de Pentemont, Meumann avait été nommé, « mais provisoirement », organiste de Pentemont, cumulant cette charge avec celle d'organiste de l'Oratoire. Ce cumul dura jusqu'en 1851. Pour les services dans les deux églises, Neumann recevait 1 100 francs par an. Après la nomination d'un organiste propre à l'église de Pentemont, son traitement d'organiste de l'Oratoire fut porté de 700 francs à 800, dès le début de l'année 1852. Le 3 septembre de cette même année, un congé d'un mois lui est accordé, « pour le rétablissement de sa santé fort altérée. Il sera remplacé par M. Lentz ». Plusieurs fois, ce congé fut prolongé, ainsi qu'en témoigne la correspondance échangée entre le président du Consistoire et Ernest Meuman, alors domicilié à Lisbonne, à l'hôtel de l'Ancre. Le suppléant qu'il s'était choisi ne donnait pas satisfaction ; or, comme on l'écrivait à l'organiste titulaire : « Le chant sacré est une des parties importantes de notre sainte religion, et mieux que personne vous savez combien il est essentiel que l'orgue qui l'accompagne soit joué avec talent, dans l'esprit du caractère simple et grave de notre culte. » Finalement, Neumann résigna ses fonctions, à compter du 30 juin 1853, « en raison de sa santé et d'une position plus lucrative qu'il (avait) trouvée à Lisbonne ». Le Consistoire prit acte avec regret de cette décision et proposa à Lentz de continuer à toucher l'orgue de l'Oratoire pendant deux mois, soit jusqu'au 31 août 1853, aux conditions que lui faisait précédemment Meumann. Pendant la décennie où celui-ci avait été organiste titulaire de l'Oratoire, il n'avait pu obtenir la construction d'un grand orgue modèle de 56 jeux, à 3 claviers manuels et double pédalier, conforme à son idéal, mais il avait eu la satisfaction de voir l'église de Pentemont dotée en 1846, par Aristide Cavaillé-Coil, d'un instrument plus proche de ses goûts que l'archaïque Callinet placé sur la tribune de l'Oratoire. Nous ignorons malheureusement les antécédents de cet artiste toujours est-il qu'il entretenait des relations suivies avec de nombreuses personnalités du monde musical de son époque, interprètes, compositeurs, facteurs, etc.

L'intérim confié à Lentz se prolongea en septembre et octobre 1853 on lui accordait mensuellement le traitement précédemment alloué à Meumann. Les plaintes formulées à l'encontre de son jeu et de sa manière d'accompagner le chant cessèrent apparemment. En septembre 1853; le Conseil presbytéral reçut la candidature au poste d'organiste titulaire de Louis Liébé, de Strasbourg*, candidature présentée par « M. Parmentier, capitaine de génie au dépôt des fortifications de la guerre ». A cet « organiste protestant que l'on dit fort distingué », on fit connaître les conditions précises de la place à pourvoir un traitement annuel de 800 francs, et un casuel s'élevant approximativement à 1 000 francs. « C'est sans doute peu, expliquait-on, mais il s'agit seulement de tenir l'orgue pendant les services religieux, peu multipliés dans l'Eglise réformée. » Bientôt des renseignements complémentaires parvenaient au Conseil presbytéral « M. Liébé a obtenu des médailles et des prix de composition, il a touché pendant deux ans l'orgue de ... et s'est acquis à Strasbourg comme compositeur et organiste une réputation non contestée. » On décida de l'inviter à venir dans la capitale pour quelques jours, afin de s'y faire entendre, puisqu'il était recommandé comme « un compositeur fort distingué et un organiste d'un talent supérieur » ; encore convenait-il de savoir s'il exécutait bien e la musique spéciale du culte protestant ». Une somme de 200 francs fut votée comme indemnité pour le voyage de Paris que Liébé effectua à la mi-novembre 1853.

Le candidat fut entendu deux fois, à l'église de l'Oratoire d'abord, puis à l'église de Pentemont ; les membres du Conseil presbytéral, ceux du comité du choeur et du bureau du diaconat étaient présents, ainsi que quelques fidèles. Les artistes invités, dont Louis Nierdermeyer* et l'organiste de l'église luthérienne de la Rédemption, Cadaux, n'honorèrent pas l'invitation qui leur avait été faite. La première épreuve ne fut pas concluante, « M. Liébé ne connaissant point l'orgue de l'Oratoire, dont les pédales sont fort rapprochées et le mécanisme assez défectueux » ; on en organisa donc une seconde, à l'église de Pentemont, le candidat ayant la faculté de toucher l'instrument à l'avance. À l’issue des épreuves, la majorité du Conseil presbytéral était d'avis qu'il n'y avait pas lieu de nommer Louis Liébé au poste d'organiste titulaire de l'Oratoire e Lorsqu'on a fait venir M. Liébé, on pensait qu'il avait un talent tout à fait supérieur comme organiste. Il n'a point, bien que pianiste fort distingué, justifié complètement l'attente du Conseil presbytéral. De plus, il s'agirait de lui faire quitter à Strasbourg une position fort lucrative et avantageuse qu'il s'y est créée. Et lui-même a annoncé à M. le Président que des circonstances de famille ne lui permettraient pas, s'il était nommé, de se rendre à Paris d'ici à quelques mois. » On fit valoir que, d'ailleurs, l'organiste Lentz faisait des progrès et pouvait tenir momentanément la place. Les partisans de Liébé répliquèrent qu'il avait « trop de talent pour ne pas s'habituer bientôt au caractère particulier de la musique de l'Eglise réformée » ; ceux de Lentz soulignaient qu'élève de l'organiste de l'église luthérienne des Billettes, Renckhoff*, l'organiste intérimaire était « animé des meilleures dispositions, et du désir d'acquérir ce qui peut lui manquer encore pour bien remplir l'emploi qui lui est confié ». Avec égards, le président du Conseil presbytéral signifia à Liébé que sa candidature était écartée : « Vous n'avez point encore l'habitude de notre chant d'église, si grave et si simple », expliquait-il entre autres. A l'une des personnalités strasbourgeoises qui avaient patronné la candidature, le baron de Turclcheim, il fut précisé « Par M. Liébé, nous savons qu'il s'est acquis déjà dans sa ville un -revenu annuel de 4 à 5 000 francs. À Paris, la position d'un artiste même des plus distingués est pendant assez longtemps fort précaire, les grands talents s'y trouvant en grand nombre. »

Bien qu'il fût « un jeune homme peu expérimenté », Lentz demeura dans son statut d'organiste provisoire à l'église de l'Oratoire. En juillet 1854, le Conseil presbytéral l'engageait à e prendre des leçons de l'organiste de la Rédemption ». Le 1" janvier 1854, un changement était intervenu dans les usages liturgiques, que l'on signifia à Lentz en ces termes « Le Conseil presbytéral a décidé que, désormais, après le sermon et avant que le dernier psaume fût annoncé, l'orgue ferait entendre quelques mesures, en harmonie autant que possible avec le discours du prédicateur. Et qu'à la suite de la bénédiction de la fin, il serait observé dans l'église quelques instants de silence avant que l'organiste commençât à jouer le morceau qui accompagne la sortie des fidèles... Vous comprendrez, Monsieur, qu'il s'agit, après la prédication, de 8 à 10 mesures au plus d'une mélodie grave et sérieuse qui, loin de détourner l'attention religieuse des fidèles, invite au recueillement. Quelques notes suffiront en ce moment, tout morceau un peu prolongé interrompant nécessairement le service. Vous devez savoir, au surplus, que cet usage existe depuis assez longtemps dans l'église des Billettes, où l'orgue ne joue que quelques mesures immédiatement à la suite du sermon. Il n'est point nécessaire, non plus, de vous faire remarquer qu'après la bénédiction, une minute tout au plus suffira pour l'intervalle à laisser entre la fin du service et la mélodie à jouer pour la sortie de l'Eglise. » Le respect approximatif de ces consignes par l'organiste Lentz donna lieu, en 1856, à des observations qui lui furent faites par le président du Conseil presbytéral : il lui était reproché de ne plus « laisser un certain intervalle bien marqué de repos » entre la bénédiction et le morceau de sortie. Le l' novembre, Lentz fut nommé organiste de l'église réformée de Plaisance, où il disposait d'un orgue melodium Alexandre, pour un traitement annuel de 300 francs. Cumula-t-il cette charge avec celle d'organiste de l'Oratoire ? Quand cessèrent ses fonctions dans le « premier temple de Paris » ? Nous savons seulement que son successeur se nommait Descombes.

Descombes prit possession de la tribune de l'Oratoire après 1859, car cette année-là, il était encore reproché à Lentz de mettre « trop d'intervalle entre l'accompagnement des versets des psaumes », et de jouer trop longuement « pour l'entrée du pasteur ». On lui rappelait que « l'intervalle entre les versets des psaumes ne doit être qu'un court instant de repos pour le chant, et ne comporte que quatre mesures au plus. L'accompagnement pour l'entrée du pasteur doit se terminer quand celui-ci est monté en chaire, et s'est quelques moments recueilli ». Descombes demanda à être relevé de ses fonctions d'organiste de l'Oratoire en février 1876, ses occupations fort nombreuses ne lui permettant pas de consacrer le temps nécessaire aux « études et exercices du chant rendus indispensables par l'organisation de la commission du chœur ». Il déclarait emporter « les meilleurs souvenirs » des rapports qu'il avait eus avec les membres de l'Eglise.

Aussitôt Henri d'Aubel fut mis à l'essai ; on se montra satisfait de son jeu et de son zèle. Bien qu'il ne fût pas protestant, il semblait qu'on pût « compter sur sa parfaite tenue pendant le -service ». La période d'essai fut prolongée, et Henri d'Aubel titularisé sans concours, quelqu'un ayant fait remarquer que « les concours présentent de bons, mais aussi de mauvais côtés ». Au cours de l'année 1884, le ciel s'obscurcit en novembre, le président du Conseil presbytéral recevait « la visite de M. d'Aubel, l'organiste, très ému des bruits de son remplacement, exprimant ses regrets des inexactitudes du passé, et demandant à continuer ses services à l'Oratoire ». Un sursis fut accordé à d'Aubel, et l'on classa les quatre candidatures au poste d'organiste de l'Oratoire qui, déjà, étaient parvenues au Conseil presbytéral. « La négligence et la mollesse apportées par l'organiste dans son service » donnèrent lieu à de nouvelles plaintes en février 1896. Sept mois après l'inauguration de l'orgue Merklin, le 22 octobre F899, Henri d'Aubel décédait inopinément : « Jusqu'à trois jours avant sa fin, M. d'Aubel avait tenu, même au prix d'un réel effort, à continuer les fonctions qu'il occupait depuis vingt-trois ans. » Le poste devant être repourvu le plus tôt possible, le président du Conseil presbytéral écrivit, à ce sujet, e à Messieurs Guilmant et Dubois du Conservatoire* o. L'on discuta de l'opportunité d'un concours, et des conditions à exiger de la part des candidats. Huit candidats se présentèrent, dont aucun n'était protestant « Parmi les candidats, il en est deux d'aveugles il parait difficile, nos 150 psaumes et plus de 200 cantiques n'existant pas en impression braille, qu'ils soient en mesure de répondre aux exigences d'un service dont ils ne connaissent pas les nombreux éléments. Les deux organistes qui réunissent à première vue le plus de conditions favorables sont MM. Lippacher et Pourdrin. Le premier est vivement recommandé par MM. Widor et Saint-Saèns*, dont M. le président lit les lettres, ainsi que par l'organiste de Saint-Augustin* ; c'est un Alsacien nourri dans les traditions de Bach. M. Fourdrin, envoyé par M. Guilmant dont il est l'élève, est un jeune homme de dix-neuf ans, remarquablement doué. » Un neuvième candidat se fit connaître peu après.

Au sujet de l'un d'eux, nommé Rottembourg, on reçut une « très instante recommandation » émanant de e M. de la Sizeranne, le zélé typhiophile ». II avait été répondu à Rottembourg qu' « un aveugle pourrait difficilement être au courant de tous les psaumes et cantiques qui, du reste, n'existent pas en caractères braille ». Adolphe Marty* tint alors à assurer le Conseil presbytéral que e rien n'est plus aisé pour un aveugle que de faire transcrire en braille les psaumes et cantiques et de les enregistrer dans sa mémoire ». On écarta préalablement « la candidature d'une dame, professeur d'orgue au Conservatoire de Genève, et qu'il ne paraît pas possible de déplacer avec aussi peu de certitudes ». Un candidat, M. René Braucourt, protestant, organiste de la chapelle Taibout, critique musical et compositeur », se retira après avoir declare « ne pas se poser en virtuose ». Cinq candidatures furent encore écartées, celle de MM. Albert, Leroy (organiste de l'église réformée de Sainte-Marie), Philippe (élève du Conservatoire), Fouché et Pilliard. Quatre candidats restaient en lice Frank Lesur, protestant, organiste intérimaire dans diverses églises ; M. Ellenberger, protestant, organiste de l'église reformée de Montmartre, premier prix du concours de l'Ecole Niedermeyer, « dont on loue le sentiment religieux et la culture intellectuelle » ; Léon Bourgeois, sorti du Conservatoire* ; Maurice Lavenant*, protestant, élève du Conservatoire, « qui a tenu l'orgue aux temples de Landouzy et de Versailles ». Ce dernier insistait, dans une lettre adressée au président du Conseil presbytéral, « sur ses origines huguenotes et sur l'impression pénible qu'on éprouverait à voir l'orgue de l'Oratoire confié à un descendant des persécuteurs d'autrefois o (!). Or les deux candidats semblant les plus qualifiés, Lippacher et Fourdrin, étaient catholiques... Rottembourg, l'aveugle jouait fort bien, mais on l'élimina, estimant que son infirmité l'empêcherait « sans de réelles complications, de pourvoir aux nécessités du service et aux rapides changements qui peuvent se produire ». Ellenberger retira sa candidature, Lavenant fut jugé insuffisant et Fourdrin, e organiste à Saint-Nicolas-des-Champs », trop jeune (malgré les chaudes recommandations d'Alexandre Guilmant). Quant à Léon Bourgeois, il avait été nommé organiste titulaire de l'église luthérienne des Billettes le t" janvier 1899. Restaient Lippacher, à qui l'on reconnaît « incontestablement le plus de valeur musicale, quoi qu'il n'accompagne pas très bien le chant », et Lesur, « qui possède la tradition protestante, sait par cour les psaumes et cantiques et les accompagne d'une manière satisfaisante ». Ce dernier promettait de e continuer ses études et de prendre des leçons d'un des tout premiers organistes de la capitale » c'est lui que l'on engagea, pour une période probatoire de six mois, quoi qu'il lui fût reproché par certains son insuffisance, dans les morceaux où il n'accompagnait pas le chant. En décembre 1900, Frank Lesur fut soumis à une audition préalable à sa nomination définitive, audition à laquelle assistèrent plusieurs pasteurs et conseillers compétents, ainsi que Charles Huguenm, maître de chapelle de l'Oratoire. Il joua « une entrée pour mariage et une marche funèbre étudiées à l'avance, une fugue de Bach dont l'exécution a été très approuvée » ; il transposa ensuite un psaume « dans un ton très difficile o, où il eut e quelques défaillances », mais il improvisa « d'une manière satisfaisante un morceau avant le psaume et un après ». On convint qu'il manquait à M. Lesur l'habitude de l'orgue, « étant plus accoutumé au piano », mais que M. Dallier le considérait comme un excellent organiste. On avança qu'à côté des leçons qu'il recevait de M. Dallier « pour le perfectionnement de sa virtuosité artistique », M. Lesur aurait intérêt à en prendre de Louis 'Weber*, organiste de l'église luthérienne de la Rédemption et de l'église réformée de J'Etoile », « pour mieux se pénétrer du sentiment protestant », et à assister à quelques cérémonies à l'église de l'Etoile. A la condition expresse qu'il continuerait à prendre des leçons de Louis "Weber et Henri Dallier, Frank Lesut obtint - enfin - sa nomination définitive.

En 1907, l'organiste Lesur reçut, à titre exceptionnel, une avance sur son traitement. Lequel traitement passa, l'année suivante, de 1200 à 1 500 francs. Devant, en cas d'absence, allouer à son remplaçant une somme de 20 francs par service, ce e bon collaborateur » bénéficia d'une nouvelle augmentation de traitement en 1913. La première guerre mondiale entraîna pour lui des difficultés matérielles : il était en effet privé des revenus qui lui procuraient naguère cérémonies et leçons particulières. A compter de septembre 1914 inclusivement, « ce précieux collaborateur, d'ailleurs grevé de lourdes charges de famille », se vit accorder une indemnité mensuelle de 100 francs. A l'occasion. de ses vingt-cinq ans de service comme organiste titulaire, en 1925, Frank-Emile Lesur reçut une somme de 500 francs, « plus indiquée que toute autre chose ». Un nouveau don particulier lui fut fait à l'automne 1929 ; il avait perdu au début de l'été son fils Jean-Baptiste, décédé à l'âge de vingt-quatre ans. Le i janvier 1930, son traitement passa de 400 à 600 francs par mois. L'année suivante le 18 janvier 1931, il prenait part, avec Henriette Roget (34)*, à l'inauguration de l'orgue placé dans l'église luthérienne de La Villette par les Etablissements Gutschenritter (2 claviers manuels de 56 notes et un pédalier de 30 notes, 9 jeux; traction mécanique). Il résigna ses fonctions le 30 septembre 1934, après trente-quatre années de service, et mourut en son domicile, à Valmondois, le 2 avril 1938.

Dès février 1934, un certain nombre de candidats à la succession de Lesur s'étaient manifestés, dont Henriette Roget, Henri Lauth et Georges Schott*. En juin, seules étaient encore retenues les candidatures de Georges Schott et Henriette Roget. Le 2 juillet, le Conseil presbytéral nommait celle-ci organiste titulaire, sans concours ; sont traitement mensuel s'élevait à 600 francs. Au cours de la même séance, l'on nomma comme maître de chapelle, pour remplacer celui qui avait démissionné, un jeune musicien de nationalité suisse : Horace Hornung. Quelques critiques ne manquèrent pas de s'élever contre le choix d'un maître de chapelle de nationalité étrangère (!) et d’un organiste catholique ( !!). Bientôt allait éclater la seconde guerre mondiale, qui éloigna de Paris, en 1940, l'organiste titulaire de l'église de l'Oratoire. Dès cette époque, les orgues furent tenues, « avec autant de piété que de talent », par une élève du Conservatoire, Marie-Louise Girod*. En 1941, celle-ci se libéra entièrement de ses obligations d'organiste de l'église réformée de Belleville pour assumer la suppléance d'Henriette Roget à l'Oratoire. Lors du retour à Paris d'Henriette Roget, en 1943, un accord fut conclu entre les deux organistes, touchant à un partage équitable des services.

Le grand orgue de l'église de l'Oratoire est toujours entre les mains des deux talentueuses élèves de Marcel Dupré que sont Henriette Roget (veuve depuis 1978 de Ramon Puig-Vinyals) et MarieLouise Girod (veuve depuis 1980 du professeur André Parrot). Elles garantissent le rayonnement musical de l'église où elles servent avec fidélité, et contribuent au renom de l'école d'orgue française, tant par leurs exécutions que par leurs improvisations et leurs compositions.

Neuf organistes titulaires, en cent quatre-vingt-dix ans, se sont succédés à Saint-Louis du 'Louvre, puis à l'Oratoire, à savoir :

  • Jean-Nicolas Méreaux (1791-1838).
  • Barré (1838-1843).
  • Ernest Meumann (1843-1853).
  • Lentz (à partir de 1853).
  • Descombes (jusqu'en 1876).
  • Henri d'Aubel (1876-1899).
  • Frank Lesur (1900-1934).
  • Henriette Roget (depuis 1934).
  • Marie-Louise Girod (depuis 1943) & Jean-Dominique Pasquet

 

ANNEXE I
A Saint-Louis du Louvre en l'An XIII...

Un service solennel d'action de grâces fut célébré dans le temple de la rue Saint-Thomas du Louvre le jeudi 29 frimaire en XIII (20 décembre 1804), « au sujet du couronnement de Leurs Majestés Impériales » qui avait eu lieu à Notre-Dame de Paris le 2 décembre précédent. Antoine Fabre d'Olivet* fut chargé, avec l'organiste Méreaux, de tout ce qui avait rapport à la musique et• aux instruments. Pour la circonstance, l'un des membres du Consistoire, nommé Ourry, composa un hymne. Au succès de la cérémonie contribuèrent Mile Armand, cantatrice, et le musicien Duvernoy*. Pour sa peine, Méreaux reçut une gratification de 150 livres, après qu'on lui eut adressé des témoignages de satisfaction pour son « excellente musique ». Le Consistoire pouvait se féliciter d'avoir célébré avec éclat « l'époque mémorable du sacre et du couronnement de Leurs Majestés Impériales »…

L'on récidiva le 5 brumaire an XIV (27 octobre 1805) un service solennel d'action de graces fut organisé ce dimanche « pour témoigner combien nous devons de reconnaissance à l'Eternel, Dieu des armées, pour la haute et puissante protection qu'il accorde à nos armées françaises et à leur auguste chef ». On chanta le Te Deum, et l'orgue fut touché, à la fin du service, « par M. Séjan ». Par la suite, le Consistoire écrivit à Séjan pour lui témoigner sa « satisfaction de la manière savante dont il (avait) touché l'orgue »*.

En cette période euphorique, les protestants français, sans distinction de confession, donnaient libre cours à leur gratitude envers Napoléon Bonaparte, qui par les Articles organiques du 18 germinal an X (8 avril 1802) avait octroyé un statut à leurs Eglises.

ANNEXE II
Un concert spirituel à l'Oratoire ?

Le 1" décembre 1843, il fut fait part au Consistoire réformé de Paris du désir de M. Frédéric Belcke, premier trombone de Sa Majesté le Roi de Presse, « de donner dans le temple de l'Oratoire, au profit des pauvres de l'Eglise, une séance de musique religieuse » dans laquelle il se proposait d'exécuter « sur le trombone accompagné de l'orgue quelques chorals de Luther et autres morceaux de musique sacrée ».

On remercia, certes, Belcke de la générosité de ses intentions, mais en ajoutant « Les usages de notre Eglise et la destination que nous devons réserver à nos temples ne nous permettent pas d'accueillir (votre) demande. » ii est vrai qu'aujourd'hui - et depuis plusieurs dizaines d'années - les usages ont changé, et que les communautés protestantes ne craignent plus d'ouvrir leurs lieux de culte à des concerts spirituels. La paroisse réformée de l'Oratoire n'est pas en reste, qui a déjà organisé avec succès de fort nombreuses « Heures musicales », et a mis son église à la disposition d'autres organisateurs d'auditions de qualité.

 

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Blog de l'Oratoire du Louvre

 

Notes

*  Louis Liébé naquit à Magdebourg le 26 novembre 1819. Après avoir bénéficié d'une solide formation musicale (piano, orgue, chant, composition), il se fixa à Cassel en 1841, puis, en 1844, à Coblence, comme chef d'orchestre au théâtre de cette ville. Après la faillite de la troupe, fi partit pour Mayence où il prit la direction du Caecilienverein ; c'est pour cette Société qu'il composa sa première grande Messe pour quatre voix mixtes et orchestre. En 1846, il fut appelé à Worms comme directeur du Musikverein l'année suivante, il épousait Amélie .Uhler, fille d'un capitaine français de l'Empire. A Strasbourg, où il vint s'établir en 1850, il se fit bientôt connaître comme professeur de chant, de piano et de composition. Plusieurs années durant, il dirigea cinq sociétés à la fois l'Académie dc chant, la Société philharmonique, la Société chorale (le plus ancien choeur d'hommes de France), l'Harmonie, et la Société de chant religieux (fondée par lui pour le culte français au Temple-Neuf). Une cinquantaine de ses oeuvres ont été publiées pièces vocales et chorales, pièces pour violon et pour piano, ainsi qu'une fugue pour orgue. Plusieurs de ses Lieder ont été traduits en français et en anglais. La plupart de ses compositions parurent en France et en Angleterre. Plusieurs de ses nombreux élèves se sont distingués. Il devait mourir à Zurich le 4 juillet 1900, âgé de 81 ans. Une « Elévation ou Communion » publiée en 1864 dans le « Journal des organistes » de R. Gt-osjean (6e année) lui est due.

*  Louis Niedermeyer était né à Nyon (Suisse) en 1802. Après avoir travaillé à Vienne, Rome et Naples, il vint se fixer à Paris en 1832. Ses opéras y ayant connu peu de succès, il renonça au théâtre et consacra toutes ses forces à la musique d'église. Il fit revivre l'institut de musique religieuse fondé autrefois par Alexandre-Etienne Choron (1771-1834), et créa l'Ecole Niedermeyer, qui connut une rapide prospérité. Gustave Lefèvre (1831-1910), Eugène Gigout (1844-1925), Gabriel Fauté (1845-1924) et André Messager (1853-1929) en sont sortis. Niedermeyer mourut à Paris en 1861.

*  Louis Renckhoff (1815-1900) succéda en 1843 à Henry Duvernoy (1820-1906) comme organiste titulaire de l'église luthérienne des Billettes à Paris. Vu sa cécité et son grand âge, il se retira le 31 décembre 1898, après 55 années de service. Dès 1837, ii écrivait au président du Consistoire luthérien pour lui confier son intention de devenir organiste, cette vocation ayant été fortifiée en lui par Sigismond Neokomm (1778-1858). Ii affirmait avoir étudié pendant plusieurs années e les chefs d'œuvre de Sébastien Bach, le plus grand organiste qu'il y eut et qu'il y aura probablement en Allemagne. D'ailleurs, je ne sais si cela tient à l'Ecole, mais cette musique si large, si grandiose, je l'ai toujours regardée comme le sublime de l'art » (cf. notre étude sur « Les souffleurs d'orgue, chantres et organistes de l'église luthérienne des Billettes à Paris », in e Positions luthériennes », 26e année, n° 3, juillet-septembre 1978, p. 256-2811.

* Alexandre Guilmant naquit à Boulogne-sur-Mer en 1837. Issu d'une famille de facteurs d'orgues, il eut comme premier maître son père Jean-Baptiste Guilmant (1794-18901, organiste de l'église Saint-Nicolas de Boulogne. Il travailla l'harmonie avec Gustave Carulli (1801-18761 et se rendit plus tard à Bruxelles auprès de Nicolas-jacques Lemmens (1823-18811. Maître de chapelle à Saint-Nicolas de Boulogne-sur-Mer, professeur, organisateur de concerts classiques, il semblait devoir se fixer dans sa ville natale, mais son talent d'organiste avait été remarqué à Paris, lors de l'inauguration du grand orgue Cavaillé-CoIl de Saint-Sulpice (1862). En 1871, il fut appelé à la succession d'Alexis Chauvet (1837-1871) comme organiste de l'église de la Trinité. Il entreprit alors en Europe et en Amérique de grandes tournées de concerts couronnées de succès. Les auditions d'orgue données au Palais du Trocadéro pendant l'Exposition universelle de 1878 furent reprises par Guilmant de 1879 à 1897, et de 1901 à 1906. En 1884, il avait fondé la Schola Cantorum avec Charles Bordes (18631909) et Vincent d'Indy (1851-1931). Ayant succédé en 1896 à CharlesMarie Widor (1845-1937) comme professeur d'orgue au Conservatoire de Paris, il mourut à Meudon en 1911.

*  Charles-Camille Saint-Saëns, né à Paris en 1835, fut professeur de piano à l'Ecole Niedermeyer de 1861 à 1864 là, il eut pour élève Gabriel Fauré. Organiste de l'église Saint-Merry de 1853 à 1858, puss de l'église de la Madeleine de 1858 à 1877, il avait fait au Conservatoire de Paris de brillantes études sous la direction de Jacques-Fromental-Elie Halévy (17991862) pour la composition, et de François Benoist (794-1878) pour l'orgue. Toutefois, le prix de Rome lui fut refusé. Il mourut à Alger en 1921.
Charles-Marie Widor, né à Lyon en 1845, fur à Bruxelles l'élève de François-Joseph Fétis (1784-1871) et de Nicolas-Jacques Lemmens. Venu à Paris, il succéda en 1869 à Lefébure-Wély (1817-1870) comme organiste de l'église Saint-Sulpice : il conserva ce poste pendant 64 ans. Au Conservatoire de Paris, il fut d'abord professeur d'orgue (1890-1896), à la suite de César Franck, puis professeur de contrepoint et de fugue, à la suite de Théodore Dubois (1896-1904), enfin professeur de composition (à partir de 1905). Devenu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1910, il en fut nommé secrétaire perpétuel quatre ans plus tard. Parmi ses élèves figurent notamment Charles Tournemire, Henri Libert, Louis Vierne et Marcel Dupré. Widor mourut à Paris en 1937.

*  Eugène Gigout naquit à Nancy en 1844. A l'Ecole Niedermeyer, il fut l'élève de Gustave Lefèvre et de Camille Saint-Saéns. Après ses études, il resta dans l'Ecole comme professeur de plain chant, de contrepoint, de fugue et d'orgue. Parmi ses disciples l'on compte Gabriel Fauré, André Messager, Marie-Joseph Erb et Léon Boéllmann. En 1863, il fut nommé organiste de l'église Saint-Augustin, poste qu'il conserva pendant 62 ans. Il donna de nombreux récitals en France et à l'étranger. César Franck appréciait beaucoup ses talents d'exécutant et d'improvisateur. Ayant succédé en 1911 à Alexandre Guilmant comme professeur d'orgue au Conservatoire de Paris, Gigout mourut à Paris en 1925.

*  Elève de César Franck, cet organiste aveugle, né en 1865, obtint le premier prix dans sa classe en 1886. Ii devint organiste de l'église Saint-Paul à Orléans, mais quitta rapidement ce poste pour occuper celui de professeur d'orgue laissé vacant à l'Institution Nationale des jeunes Aveugles par la mort de Louis Lebel (1831-1888), ainsi que les charges de maitre de chapelle et de chef d'orchestre. A partir de 1891 et pendant un demi-siècle, il fut organiste de l'église Saint-François-Xavier. Improvisateur doué, il maintint dans sa classe la tradition franckiste. Parmi ses centaines d'élèves figurent Louis Vierne, Augustin Barié, André Marchai et Gaston Litaize.

* Successeur de Louis Renckhoff comme organiste de l'église luthérienne des Billettes, il occupa ce poste jusqu'à sa mort, survenue en 1927.

*  Maurice Lavenant fut classé premier au concours organisé pour la nomination de l'organiste de la nouvelle église luthérienne Saint-Marcel à Paris; sa nomination fut prononcée le 2 mai 1908. Le jury du concours comprenait notamment l'organiste de Saint-Eustaehe, joseph Bonnet (18841944),. qui à cette occasion donna « une magnifique séance de musique d'orgue o, en improvisant e des variations impressionnantes et édifiantes sur le choral "O Haupt voll Blut und Wunden" ». Lavenant fut jusqu'en 1935 titulaire de l'orgue Dalstein-Haerpfer (construit en 1908 sur les indications d'Albert Schweitzer ; 2 claviers manuels de 56 notes et un pédalier de 30 notes ; 10 jeux; traction pneumatique tubulaire) de l'église Saint-Marcel.

*  Louis Weber naquit à Brumath (Bas-Rhin) en 1827. Il occupa de 1860 à 1909 le poste d'organiste de l'église luthérienne de la Rédemption à Paris. Il mourut à Paris en 1915. Son épouse, la Nancéienne Marie-Héloïse Schwab, était aussi organiste ; ils assumèrent concurremment les fonctions d'organistes de l'église réformée de l'Etoile. Weber fut remplacé à l'église de la Rédemption par Alexandre Cellier (1883-1968) pendant quelques mois, puis, pendant six ans, par le Suisse Henri Gagoebin (18861977). Cf. notre étude sur e Les organistes, chantres et souffleurs d'orgue de l'église luthérienne de la Rédemption à Paris », in « Positions luthériennes », 23e année, n° 4, octobre-décembre 1975, p. 238-257.

*  Henriette Roget naquit à Bastia en 1910, d'un père officier dont la famille était d'origine catalane. En 1919, elle entra dans une classe de piano préparatoire au Conservatoire de Paris. Elle apprit les rudiments de l'harmonie . sous. la. direction de Paul Vidal et devait remporter une série de premiers prix harmonie (1927, classe de Jean Gallon), accompagnement (1927, classe Estyle), histoire de la musique (1927, classe Emmanuel), fugue (1928, classe de Noël Gallon), orgue (1930, classe de Marcel Dupré). Elle obtint le deuxième second grand prix de Rome en 1931, et le premier second grand prix de Rome en 1933. Un deuxième prix de composition lui avait été décerné en 1932 (classe d'Henri Busser). Suppléante de Charles Tournemire à la basilique Sainte-Clotilde en 1929, elle tint [*orgue Cavaillé-Coil-Mutin de l'église luthérienne des Billettes en 19331934, avant de devenir organiste titulaire de l'Oratoire du Louvre. En 1934 également, elle devint après concours organiste de la grande synagogue de Paris. Concertiste, chef de chant à l'Opéra, critique musical, compositeur, professeur au Conservatoire, Henriette Roget s'est illustrée comme pianiste et comme organiste.

* Georges Schott, ancien élève de l'Institution Nationale des jeunes Aveugles, naquit à Paris le 21 novembre 1885. II fut organiste de l'église luthérienne de l'Ascension, dans le quartier des Batignolles, à partir du 1er avril 1906. II prit la succession d'Henri Gagnebin, comme organiste titulaire de l'église luthérienne de la Rédemption, le 1er octobre 1916. Avec cette fonction il cumula celle de maître de chapelle. Il anima, dans les années 30, l'Association chorale protestante. En novembre 1963, il se démit de sa charge, après 47 années de service. Il décédait à Paris le 4 mars 1965, dans sa 80" année. Organiste, chef de choeur, compositeur et éditeur de musique, il fut l'une des personnalités musicales du protestantisme parisien entre les deux guerres mondiales.

*  Née à Paris, Marie-Louise Girod eut pour premier professeur d'orgue Henriette Roget. Elle devint ensuite l'élève de Marcel Dupré à son cours préparatoire de Meudon; puis au Conservatoire où elle obtint un premier prix d'orgue en 1941. Elle travailla l'harmonie sous la direction d'Eugène Bigot, le contrepoint et la fugue sous la direction de Noël Gallon. En 1944, elle obtint un premier prix d'histoire de la musique, dans la classe de Norbert Dufourcq. Elle a été organiste de la synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth, à la tribune même qu'occupa Jehan Alain (19111940) avant la seconde guerre mondiale. Soliste de Radio-France, compositeur, membre de la Commission supérieure des Monuments historiques (responsable des orgues pour la région Languedoc-Roussillon, Limousin), directrice de l'Académie d'orgue de Saint-Dié, présidente de la section « orgues » à la Fédération Musique et Chant du Protestantisme français, Marie-Louise Girod est une figure marquante du monde musical.

*  Né à Ganges (Hérault) en 1768, Antoine Fabre d'Olivet est surtout connu comme précurseur des félibres avec son roman provençal en langue d'oc « Azalaïs et le gentil Amar » (1794), et e Le troubadour, poème occitanique du mire siècle » (1803). Continuant le néo-polythéisme ou le pythagorisme de Restif de La Bretonne (1734-1806), il rêva d'une théocratie universelle dont Napoléon aurait été l'agent et institua un culte secret pour ses adeptes. Il mourut à Paris en 1825. On prétendit qu'il s'était poignardé mortellement devant ses autels.

*  Il s'agit de l’un des frères Duvernoy :
- soit Frédéric-Nicolas, né à Montbéliard (Doubs) en 1765, corniste et compositeur, entré en 1788 à l'orchestre de la Comédie italienne, puis en 1797 à l'Opéra dont il fut cor solo (1801-1817). Admis à la Musique de la Garde nationale en 1790 et au Conservatoire en l'an III, dès la fondation de celui-ci, il y fut professeur de cor (1797-1815). Exécutant prestigieux, il a composé un assez grand nombre de pièces pour sun instrument (concertos, quintettes, trios, duos, sonates, études) et écrit une e Méthode pour le cor; suivie de duo et de trio pour cet instrument o. On dit que Napoléon aimait l'entendre sonner dis cor pendant ses repas. Il mourut à Paris en 1838 ; ses obsèques furent présidées par le pasteur luthérien Rodolphe Cuvier (1785-1867), cousin du célèbre naturaliste Georges Cuvier (1769-1832)
- soit Jacques-Georges-Charles, né à Montbéliard en 1766. II avait pris part, lui aussi, à la fondation de l'Académie nationale de musique - ancêtre du Conservatoire - en l'an III. Il composa un « Pas de manoeuvre » pour les fêtes nationales et des oeuvres pour clarinette. Pensionnaire de la Chapelle du Roi, il mourut à Paris en 1845; ses obsèques eurent lieu en l'église luthérienne de la Rédemption sous la présidence du pasteur Rodolphe Cuvier: L'un de ses, fils, Henry-Charles (1820-1906), fut organiste de l'église luthérienne des Billettes en 18421843, puis de l'église réformée de Pentemont, de 1858 à 1882 ; il avait obtenu le premier prix d'orgue dans la classe de François Benoist, au Conservatoire, en 1842.

*  II s'agit très vraisemblablement de Nicolas Séjan, né à Paris en 1745, organiste de Notre-Dame en 1772, de Saint-Séverin en 1782, de Saint-Sulpice en 1783, et de la Chapelle royale en 1790. En l'an III, il fut nommé professeur d'orgue à l'Académie nationale de musique, et en 1806 organiste titulaire de Saint-Louis des Invalides. Considéré comme l'un des meilleurs musiciens de son temps, il a subi l'influence de Christoph Willibald Gluck (17141?87) et de l'opéra français.

 

 

 

 

 

L'orgue de l'Oratoire du Louvre - Photo Pascal Deloche © GODONG

L'orgue de L'Oratoire du Louvre
Photo Pascal Deloche © GODONG

 


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